par Laure (du 12 au 21 novembre 2008)
Mercredi 12 novembre
Je suis la fille la plus chanceuse du monde : j’ai été embauchée il y a seulement six semaines pour vendre des safaris en Afrique, et Frédéric me propose de l’accompagner dans son inspection annuelle à Zanzibar. Génial !!
Je ne me souviens pas très bien de mon premier voyage à Zanzibar en 2001 : je n’y ai passé que deux jours après un safari en Tanzanie. J’avais hâte de découvrir l’île en profondeur avec un compagnon de voyage qui y a ses entrées ! mais je ne suis pas en vacances : nous avons listé plus de 40 hôtels ; le programme va être chargé !
J’ai bien failli partir seule ! On avait réservé des vols Kenya Airways, partenaire d’Air France (on aurait préféré voyager avec Ethiopian Airlines, comme la plupart de nos clients, mais tous les vols retour étaient complets)…
à l’enregistrement, l’agent Air France, fidèle aux principes de la compagnie (distance, condescendance, fermeté) applique les procédures : pour aller à Zanzibar, le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire et c’est comme ça… j’ai mon carnet de vaccination ; Frédéric, non… Nous savons que le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire pour aller en Tanzanie continentale (et encore… uniquement si on passe par le Kenya ou l’Ethiopie…pas si on arrive directement depuis l’Europe…) mais nous savons aussi que les clients qui arrivent directement à Zanzibar n’en ont pas besoin ! Zanzibar jouit d’un régime de semi-autonomie au sein de la République Unie de Tanzanie et le ministère de la santé de Zanzibar ne demande pas de vaccination aux résidents européens. Nous connaissons les règles, mais l’agent Air France ne les connaît pas et… le contraire est « écrit dans la machine » infaillible d’Air France. Voilà…
Frédéric reste courtois mais ferme : il indique qu’il vend Zanzibar tous les jours et récite les formalités… L’agent Air France consulte sa hiérarchie, attend… stresse… rappelle… et finalement ne sait plus quoi faire. Frédéric, qui voit l’heure limite d’enregistrement arriver propose de signer une décharge de responsabilité : s’il est refoulé de Zanzibar pour défaut de présentation de carnet de vaccination, il s’engage à rentrer à Paris à ses frais et à ne pas se retourner contre Air France… ça doit entrer dans les procédures d’Air France : les cartes d’embarquement sortent par magie ! Vol de nuit en direction de Nairobi. Confort sommaire, mais on s’y attendait.
Jeudi 13 novembre
L’arrivée est prévue à 6h (locales) à Nairobi (soit 4h à Paris) ; autant dire que le petit déjeuner est servi au milieu de la nuit… C’est la troisième fois que j’atterris à Nairobi cette année, mais là, je ne fais qu’y transiter. Dire que les girafes et les lions sont tout près… Une porte ouverte sur les pistes nous permet d’apercevoir les acacias dans la lumière matinale. L’aéroport de Nairobi est toujours aussi triste avec ses boutiques sombres et vieillottes.
La correspondance pour Zanzibar est dans deux heures ; je m’allonge de tout mon long sur les fauteuils libres (presque un luxe après avoir été coincée dans l’avion) et m’endors immédiatement… Frédéric continue à travailler et noircit le cahier qu’il ne quitte jamais. Envol pour Zanzibar : en à peine plus d‘une heure, on se pose sur l’île tant convoitée ! je sens la chaleur toute proche. Passage rapide à la police et à la douane ; les visas sont délivrés en quelques minutes et bien sûr, personne ne demande à Frédéric son carnet de vaccination… Miracle : nos bagages sont là (je suis abonnée aux bagages perdus…)
Palmiers et bougainvilliers jalonnent notre route vers Stone Town. Par sa végétation, on sent que Zanzibar est en Afrique, le continent de mon cœur… On arrive au Tembo House où nous passerons notre première nuit. J’ai presque l’impression d’être en terre connue, puisque c’est là que j’avais dormi il y a sept ans. La chaleur humide et écrasante me surprend toujours. La petite piscine de l’hôtel est toujours là, face à la mer. Douche rapide puisque Rashid, le patron de notre agence locale et Ali, l’un des chauffeurs, nous donnent rendez-vous au bar de l’hôtel « dans dix minutes ». Encore un peu assommée par le voyage et la chaleur moite, j’écoute Frédéric et Rashid se mettre d’accord sur les dernier détails du programme de la semaine.
Frédéric me guide ensuite dans les ruelles de Stone Town et m’emmène déjeuner au Mercury’s, l’une de ses tables préférées… (Freddy Mercury, leader du groupe Queen est né à Zanzibar). Poisson savoureux et délicieux café aux épices… Je regarde glisser sur l’eau les dhows, les embarcations les plus poétiques et les plus esthétiques… Un immense ponton est en construction sur la mer… mais pas le temps de rêver : il faut déjà partir en inspection !
On erre dans le dédale des rues étroites de la vieille ville (j’aimais déjà m’y perdre lors de mon premier voyage)… nombreux sont les jeunes qui essaient de nous vendre le même CD « Hakuna Matata » que les touristes fredonnent depuis « Le Roi Lion ».
Le Dhow Palace ou le Tembo House sont des bonnes adresses pour les petits budgets. J’ai une préférence pour le Dhow. Des meubles et des plantes grasses plantées dans de gros pots colorés égayent les larges couloirs qui desservent les chambres. J’aime le style de la plupart des hôtels de la Vieille Ville, avec patios centraux et raides escaliers en bois…
Mais pour un budget à peine plus élevé, Hurumzi 236 est largement mon hôtel préféré ! Cet hôtel digne d’un conte des milles et une nuits est un vrai poème : des labyrinthes de couloirs, des jardins suspendus, le toit-terrasse qui domine toute la ville… On a envie de s’y prélasser… Bonne surprise à l’Hurumzi 240 : chambres plus petites (et bien moins chères) au dernier étage ; on reste dans le style du 236… Quelques mètres plus loin, on négocie l’entrée dans l’hôtel « Emerson Spices » en construction : on entendra ensuite mille rumeurs sur cet hôtel dont les travaux ont été interrompus : manque de fonds, défaut de permis de construire ? Cet hôtel (qui se présente comme le prochain 5* de Stone Town) est un copié/collé d’Hurumzi 236. Seules deux chambres « témoins » sont terminées… les autres sont toujours en travaux. Avec la hauteur de plafond et les moustiquaires élevées au dessus du lit, on se croirait dans une cathédrale…la folie des grandeurs d’Emerson ! Cet hôtel verra-t-il le jour ? mystère… Visite au pas de course des autres hôtels : le Serena (beau, dépouillé, confortable, très cher…), le Clove (le moins cher ; sans prétention et très honnête pour son prix), le Chavda et l’Alhan Palace (pas terribles, mais comme la capacité hôtelière est limitée à Stone Town, reconnaissons à ces hôtels le mérite d’exister) et l’Asmini Palace et l’Africa House (un peu vieillots).
En fin de journée, on prend un café au ravissant Zanzibar Coffee House, un petit hôtel de charme de huit chambres : on se pose dans le petit salon sur le toit terrasse pour profiter des derniers rayons dorés du soleil : l’ambiance arabisante avec l’appel à la prière qui fait écho dans toute la ville me transporte. Il fait déjà nuit lorsqu’on arrive au Zanzibar Palace Hotel. Certains clients lui reprochent une atmosphère un peu étouffante : les plafonds sont bas et les couleurs sombres… mais je reste sous le charme de son style oriental, des coussins de soies et de la de la hauteur des lits. Autre curiosité : des baignoires sur pied qui trônent dans certaines chambres. Nous dînons au Beyt Al Chai, le meilleur restaurant de la ville, avec Katia, la gérante (une jolie suédoise aux longs cheveux blonds) qui nous raconte sa vie d’aventures et nous fait visiter les jolies chambres et le très agréable lounge. On rentre à pied (le Tembo est à deux pas). Juste le temps de prendre une douche dans la baignoire à mosaïque bleue… je m’endors aussitôt.
>Vendredi 14 novembre
Comme il est agréable de prendre son petit déjeuner sur la plage du Tembo : rien à voir avec les réveils hivernaux difficiles à Paris ! Une barrière invisible sépare les clients de l’hôtel des locaux qui vaquent à leurs occupations sur la plage. Tout en buvant leur café, les clients observent les rituels des salamaleks des Zanzibarites.
On quitte la vieille ville et je retrouve un peu d’Afrique le long des routes. Je suis agréablement étonnée de leur bon état. On traverse la forêt de Jozani où j’aurais aimé rencontrer des colobes à crête rousse (j’en aperçois sur des arbres mais le programme est serré ; mon safari animalier sera pour un autre voyage !). Arrivée à Kizimkazi, au sud de l’île et choc découvrant le complexe encore en travaux qui répond au nom de « Zanzibar Dolphin View Paradise » (tout un programme).
Benjamin dit « Ben » (un français, très copain avec Frédéric) est l’assistant manager de ce projet ambitieux… La particularité de ce sympathique garçon est le langage qu’il parle : quand il annonce que « le délivrement des fournitures a expérimenté du délai » : il faut alors traduire en anglais « we experienced delay on fourniture delivery » pour comprendre que « la livraison des meubles a été retardée ». Simple, non ?
Ben nous présente avec enthousiasme son projet ; On progresse dans un grand chantier de 30 villas (de trois chambres et autant de salles de bains chacune) dont certaines sont flanquées de petites piscines privées ; il y sera proposé une formule « all inclusive », des terrains de tennis, un spa, un jetty au bout duquel seront installés un restaurant et un bar. Ce grand resort va proposer un service haut de gamme et très personnalisé. Les grands complexes, ça n’est pas mon truc : les 30 villas qui semblent avoir poussé les unes contre les autres m’effraient presque mais il y a une clientèle pour ça : les villas et leurs équipements ont de beaux atouts pour séduire une clientèle familiale exigeante. On part ensuite avec Ben déjeuner au restaurant du Karamba Resort ; Frédéric me l’avait décrit comme étant un petit hôtel sans beaucoup de charme. Il reconnaît que Gemma, la gérante espagnole, a vraiment amélioré l’endroit depuis l’hiver dernier. j’aime beaucoup les tissus africains qui recouvrent les chaises. L’ambiance est « relax », les bungalows simples mais Karamba propose un bon rapport qualité/prix. Dommage que le service soit si « pole pole » : on attend 1h30 notre poisson.
La visite suivante était une excellente surprise : Unguja Lodge, ouvert depuis 18 mois avait séduit Thibault l’été dernier… on est d’accord avec lui : accueil chaleureux d’Elies et Ralph, les gérants hollandais du lodge (12 villas) : 9 ont vue sur la mer, 3 sont disposées autour d’un baobab (celles ci ont en plus une minuscule piscine privative devant le salon) Toutes sont ouvertes sur la nature exubérante ; l’odeur de la patate douce et des aromates flotte dans l’air et le soleil doré en fin d’après-midi adoucit les formes ; les parties communes (restaurant, petit salon, terrasse en bois agrémentée de fauteuils en tissu indigo) font face à une belle piscine. Pas d’hésitation pour le vendre !
La nuit va bientôt tomber et Ali nous conduit vers Jambiani, à Casa Del Mar, l’un de nos « best-sellers ». Les chambres duplex me charment tant pour l’originalité de leur mezzanine que par le choix des matériaux des meubles fabriqués par des artisans locaux (bois et fil de coco). L’hôtel fermera en avril et en mai : l’on y creusera une (petite) piscine qui sera un atout supplémentaire pour l’hôtel.
On a aussi le temps de visiter les villas Kikadini, Maroc, Pwani et Palm de Sylvia et Torgeir. J’adore l’architecture, la déco, la situation sur la plage, l’espace, l’esprit des villas : une certaine idée du luxe ! loin de la clim’, des télévisions plasma et de la foule. Mais la nuit tombe et l’on va à pied (par la plage) aux « Coco Beach Bungalows » où Frédéric et Thibault passent leurs vacances quand ils viennent à Zanzibar : ici, ils ne sont pas obligés de mettre des chemises blanches pour dîner et on peut manger avec les doigts ! Cinq chambres dans deux petits bâtiments au style zanzibarite, construits sur la plage. Je m’y sens bien immédiatement ! Je pose mes valises dans une chambre simple et dépouillée mais propre ; les rideaux sont régulièrement soulevés par la brise marine et le ressac de la mer bercera mon sommeil. Frédéric m’a prévenue que c’était la meilleure table de Jambiani et en effet, on se régale de poisson frais et de fruits de mer.
Samedi 15 novembre
Aujourd’hui, visite des nombreux hôtels de la côte sud-est : à Paje, Hakuna Majiwe est un joli hôtel de plage à la déco locale de couleurs gaies. Il propose une grande piscine, des hamacs devant chaque chambre. Les suites sont parfaites pour les familles. (pas les chambres dites « familiales », où les familles seraient bien trop serrées…).
Toujours à Paje, on découvre le Cristal Resort, un joli petit complexe au jardin tout sec (c’est dommage). On aime tous les deux les « eco-bungalows » en bois sombre. Comme je n’aime pas dire du mal, je ne parlerai pas des horribles chambres « deluxe » qui n’ont de luxe que le nom.
Le luxe justement nous attend : Johann nous accueille dans sa superbe maison de type coloniale, autour de laquelle ont été construites quatre chambres un peu pompeusement baptisées « villas ». L’ensemble s’appelle « les villas d’Anna » ; c’est beau, chic, cher et un peu snob mais idéal pour un couple stressé qui veut recharger ses batteries ou mieux encore, pour une grande famille ou un petit groupe d’amis. Notre hôte nous indique que parfois, les villas sont privatisées par des stars qui veulent se reposer incognito. Les transats sont encadrés par des kiosques aux tissus choisis avec soin, les coussins appellent à la sieste face à la vaste plage blanche. On ne peut pas visiter les chambres toutes occupées. C’est beau, certes ! mais même si j’avais 600 € par nuit et par personne à dépenser, je n’y passerai pas mes vacances.
Visite d’un hôtel crédité fort généreusement de 5 étoiles dont je tairai le nom par charité. C’est l’un des moins chers de l’île et je comprends pourquoi… je l’ai vendu lors de mes expériences passées… et je promets de ne plus le faire ! je n’ai rien de personnel contre le groupe d’agents d’assurance français râleurs qui s’y trouvait ce jour là mais… il y a tellement d’hôtels sympa à Zanzibar… pourquoi programmer celui là ? Je trouve quand même largement pire : le White Rose qui a peut-être été en bon état un jour, et où la musique est tellement forte qu’on ne s’entend plus…
A quelques kilomètres, on poursuit nos visites par le Breezes Beach Club & Spa, le « plus petit des hôtels 5* de l’île », et sans doute le plus beau… certes, mais on pourrait le retrouver partout ailleurs dans le monde. On l’a visité longuement sous toutes les coutures, on y a profité de la plage, dîné, dormi… on n’a rien trouvé à critiquer mais… c’est juste un très bel hôtel… sans ce petit plus qu’on trouvera dans bien d’autres endroits… il y a tellement de beaux hôtels à Zanzibar qu’on est très critiques…
Les six villas Palms, voisines, et managées par la même équipe que le Breezes m’impressionnent bien plus. Je suis admirative de ce luxe raffiné, de l’espace, du choix des meubles… juste superbe et plein de charme ! Les tarifs élevés y sont justifiés. Continuation vers le « nouveau » complexe qui jouxte les villas Palms (il ouvrira le 15 décembre): Baraza. C’est un délire de luxe au style mauresque et omanais; dommage, il est interdit de prendre des photos (Contrôle de l’image !). 30 grandes villas blanches sont construites dans un beau jardin ; l’intérieur est spacieux et lumineux, les précieux objets de déco sont tous dorés, l’ambiance est orientale… tout est d’une grande élégance mais c’est un gros complexe pour une petite plage ! Les espaces communs sont aussi grandioses avec de vastes salles et salons ouverts vers la mer ; les derniers détails sont en train d’être finalisés : on s’active… et on sent le stress de l’ouverture monter. Après un bon dîner au service raffiné impeccable, je m’endors sur mon lit géant et reste étonnée de n’avoir toujours pas croisé de moustique.
Dimanche 16 novembre
Au petit déjeuner du Breezes, les serveurs font la guerre aux corbeaux qui chapardent la nourriture sur les tables. Le buffet est varié et copieux et j’ai même le droit à mes scrambled eggs « à l’anglaise » préférés. Je m’amuse à me dire que nous sommes dimanche et qu’une belle balade nous attend : pas une balade en famille en forêt ou dans un parc citadin : là, le paysage sera bien plus exotique : nous allons découvrir Uzi Island tout au sud ! Rashid nous accompagne sur ce petit bout de terre qui pourrait être l’objet d’une nouvelle excursion à proposer ; il faut viser la bonne heure à cause des marées (Uzi est une presqu’île à marée basse ; une île à marée haute). Après 30 minutes de route et autant de piste, on arrive dans un village qui me rappelle les villages africains…des nuées d’enfants courent vers nous mais certains sont effrayés à notre vue…ils doivent trouver bien pâles ces extra-terrestres à lunettes noires ! L’un des « responsables du village » nous rejoint. Il sera notre guide et Rashid sera notre interprète.
On marche au milieu des maisons traditionnelles en terre, au hasard des allées.; les plus hardis des enfants nous suivent de loin et lorsque je me retourne, ils s’enfuient très vite ! Jeux de cache-cache… On observe des algues qui sèchent contre les murs, et prennent la couleur de vieux rose ; les femmes les cultivent puis les vendent à des coopératives qui les exportent vers l’Amérique du Nord, où elles serviront de composants alimentaires ou de matière première pour des crèmes de beauté. On quitte le village pour s’enfoncer dans une forêt qui borde la mangrove ; de grands manguiers y poussent et je goûte à un fruit mûr à point… Assurément, nous proposerons bientôt Uzi island en excursion.
Rashid nous promet de se mettre d’accord avec le responsable du village sur les modalités et de revenir vers nous d’ici un mois. Nous quittons à regret cette terre presque vierge et repartons vers Stone Town visiter en détails les monuments et musées et de la Vieille Ville et en particulier les lourdes portes en bois. Je suis impressionnée par le marché aux esclaves : on visite les cachots où étaient parqués les futurs esclaves, enchaînés. Les pièces sont sombres et étouffantes. On imagine la détresse et la souffrance : pas envie de rester trop longtemps, cet endroit nous oppresse vraiment… En témoignage de l’histoire de Zanzibar, j’achète le fameux livre de la princesse Salomé, née en 1840, fille du Sultan, qui a quitté Zanzibar pour épouser un Allemand. Elle décrit la vie quotidienne dans les palais ; son témoignage me transporte. Fin d’une journée qui pourrait être qualifiée de « vacances ». Retour aux Coco Beach Bungalows ; dîner délicieux de cigales de mer et nuit bercée par les vagues.
Lundi 17 novembre
Retour vers la Vieille Ville où nous attend une longue barque à toit de toile bleue : Le thème du jour sera les îles-hôtels. On commence par la luxueuse Bawe. Il n’y a pas de client dans l’île-hôtel et Wolfgang, le maître des lieux veut tout nous montrer. Le jardin est un peu sec, mais c’est un bel endroit… parfait pour les amoureux qui veulent s’isoler, mais il faut être vraiment très amoureux ! ou alors, épuisé… et avoir envie d’être complètement déconnecté. Car à part le farniente (ou un peu de massage ou du yoga pour les amateurs), il n’y a rien à faire sur ce caillou au milieu de la mer.
Suit la visite de Changuu Prison Island, juste en face, géré par le même groupe hôtelier que Bawe. Le positionnement marketing de l’île n’est pas très abouti : Changuu est un lieu d’excursion classique : d’abord pour la prison (qui n’a en fait jamais servi en tant que telle et a fini par devenir un lieu de quarantaine pour les marins malades qui arrivaient à Zanzibar), ensuite pour les fameuses tortues géantes qui sont arrivées des Seychelles au siècle dernier, enfin pour sa jolie petite plage, où il est impossible de trouver quelque intimité si on veut s’y dorer. Au pas de course, Martina, qui dirige l’endroit, nous fait visiter de mignons petits bungalows décorés comme ceux de Bawe. Pour y accéder, on traverse un jardin privé habité par des paons et des diks diks (je les préfère dans un espace plus grand dans la savane africaine…)
La troisième île-hôtel (et la dernière de la journée) sera la plus charmante et la plus joyeuse : Je me réjouis de découvrir Chapwani, le best-seller de l’agence. Nous sommes accueillis par Maura, la propriétaire exubérante et chaleureuse de l’île. Elle se jette dans les bras de Frédéric. (ça change de l’attitude discrète voire timide des zanzibarites). Je ne suis pas déçue par cette île-hôtel. Les 5 bungalows font face à Stone Town. J’aurais envie d’y rester quelques jours, retirée de l’agitation humaine, au milieu de la mer… je suis ravie de voir une nuée d’aigrettes blanches qui a élu domicile à l’une des pointes de l’île, et des cormorans. Il parait qu’il y a des chauves souris mais je raterai le rendez-vous du soir. Je visite rapidement le cimetière anglais abandonné et j’essaie de lire les noms et les dates presque effacés.
Ali (aux traits omanais et à l’élégance naturelle), le bras droit de Maura est attentif et accueillant. Je mange pour la première fois du carpaccio de barracuda : une merveille ! Maura et Frédéric se retrouvent avec plaisir et parlent longuement. Le dîner est délicieux, trop copieux et généreusement arrosé de vin sud-africain très acceptable… On croise des clients de l’agence, étonnés de nous voir sur place, qui tiennent absolument à partager avec nous une bouteille de champagne… Grisée par l’ambiance, la gentillesse de Maura et Ali, le témoignage reconnaissant de nos clients et le vin, je retourne à regret vers ma chambre ; elle est simple et de bon goût, face à la mer (comme tous les autres bungalows). Ma nuit sera délicieuse…
Mardi 18 novembre
Lever tôt pour la journée la plus intense de la semaine : nous visiterons aujourd’hui dix hôtels… et par miracle (et parce-que Frédéric ne quitte pas sa montre des yeux), on arrivera à tenir le programme ! On commence par le moins bien, le Zanzibar Safari Club à Uroa, aux chambres tristes et usées… j’essaie d’être tolérante… mais Frédéric, qui fait une allergie aux carrelages qui brillent et aux rideaux de douche en plastique mou veut fuir ! On ne vendra pas cet endroit…
Dans le désordre, on visite ensuite Pongwe Beach, La Villa des Pêcheurs, le Shooting Star Beach Lodge, le Kempinski, Bluebay et sa nouvelle annexe, le Sultan Sands, M Changa, le Fairmont et Matemwe Beach Village. Je retiendrai la Villa des Pêcheurs, à la déco fraîche et marine. Dommage… il manque une piscine mais la plage est blanche et idyllique ; Nadia la jolie italienne qui tient le lieu avec son fiancé Andréa est adorable et parle français couramment, un plus pour nos clients.
Le Sultan Sand, qui vient d’ouvrir est d’un excellent rapport qualité-prix. Les bungalows tout ronds sont joliment décorés. Les restaurants, les salons et le bar-club aux finitions parfaites sont très agréables. On peut accéder à tous les espaces communs du Bluebay (et son centre de sports nautiques, le plus fourni de l’île..). Je me demande pourquoi ses prix sont inférieurs de 25% à ceux du Bluebay…
Coup de cœur pour le Shooting Star Beach Lodge (Frédéric et Thibault se sont lassés de le proposer tellement il est difficile d’y obtenir des chambres). Les chambres « famille » et leur étage sous les toits sont particulièrement réussies. L’hôtel a beaucoup de charme et le jardin aux nombreux flamboyants donne une très agréable touche colorée.
Nous découvrons Mchanga Beach Lodge tenu par Thomas : 8 belles petites chambres claires sur la plage ; ameublement simple et coloré, jolie piscine et plage de sable blanc. C’est à priori un peu cher pour ce que c’est… mais on a adoré ! Visite ensuite du Fairmont, aux belles chambres confortables mais sans caractère. (je crois que je déteste ces hôtels de chaine). Un tour-operator italien y a installé ses quartiers, ses bureaux, son équipe d’animation et une chanteuse… ça ne va pas plaire aux Français…
Nous sommes invités à dormir dans la villa privée de Pol, un Belge qui nous a contactés pour que nous l’aidions à louer sa maison. La villa domine la plage, mais reste un peu cachée par la végétation. Le salon-cuisine fait 140 m² et est meublé de bric-à-brac amusant. Seulement deux chambres : galant, Frédéric m’a laissé la plus grande : 70 m², un lit proportionnel… et une belle salle d’eau. Celle de Frédéric est de taille plus raisonnable, et la salle de bains n’est pas communicante. La plage n’est qu’à quelques mètres…
On continue notre balade chez Deiter, un Autrichien accueillant et un peu fou. Sa maison est composée de 3 grandes chambres (chacune a une salle de bains attenante) et un « dortoir » où peuvent s’entasser plein d’enfants… Une belle terrasse avec barbecue, une grande table, une piscine… des vacances sur les rivages de l’Océan Indien mais « comme à la maison », comme si on avait une belle résidence secondaire en Méditerranée ! (on attend les tarifs).
De retour « chez Pol », Ali nous prépare un festin simple et délicieux, avec les moyens du bord : du riz au coco, un délicieux poisson aux arômes puissants arrosé d’un vin sud-africain un peu agressif. Dieter nous rejoint au dessert (une salade de fruits exotiques géante) et continue à nous parler de Zanzibar, telle qu’il la connue il y a 20 ans.
Mercredi 19 novembre
Nous quittons à regret cette belle villa à l’atmosphère relaxante après un bon petit déjeuner. Cette soirée « comme chez nous » sans patron d’hôtel avec qui négocier nous a donné l’impression d’être un peu en vacances… Nous attaquons la dernière journée de visites d’hôtels avec ceux de Nungwi, tout au Nord.
Frédéric m’a préparée psychologiquement la veille au soir en m’expliquant que « la visite de la vraie Zanzibar » était terminée… comme il avait raison : Nungwi est une station-champignon infestée de backpackers qui y trouvent de nombreux hôtels bon-marché les uns sur les autres. Je comprends pourquoi le tourisme de masse y est aussi développé : la couleur de l’eau (un bleu un peu laiteux) est extraordinaire… et à Nungwi, on peut se baigner toute la journée, même à marée basse ! Cette journée a été la moins réjouissante de la semaine : on a visité nombre de chantiers… des gros complexes, des blocs de béton pas finis mais peu prometteurs et des hôtels aux meubles de plastique.
La veille, Dieter nous a indiqué sur un plan comment trouver le chantier d’un hôtel qui proposera des prestations très haut-de-gamme. Nous nous engageons dans des chemins plus que chaotiques entre Nungwi et Kendwa; l’hôtel Parachichi (« avocat » en swahili) proposera 15 villas, chacune composée de trois blocs blancs et ronds, avec petite piscine privée. (un salon en duplex, une immense chambre et une salle de douche de 15m²). Je serais curieuse de voir l’hôtel en exploitation…
Le Ras Nungwi est à la hauteur de sa réputation : simple, beau et cher. C’est une valeur sûre et c’est le seul endroit où j’aimerais résider si j’allais à Nungwi. On visite le Z hotel, à la déco contemporaine très tendance, façon Starck. On s’attend plus à trouver ce genre d’hôtels à New-York ou Berlin mais nous savons que certains clients sont friands de ce côté branché et moderne… ceux là seront ravis ! Autre découverte que nous allons offrir en « nouveauté » : un catamaran qui peut être réservé à la journée pour des excursions ou pour quelques jours de croisière.
Nous visitons aussi « Zanzibar Royal », un hôtel imposant, aux installations de qualité. Les chambres sont grandes et pour un grand resort, l’hôtel n’est pas étouffant : il n’y a « que » 96 chambres. Dans cet espace, ils auraient pu en construire trois fois plus…
On s’installe enfin dans des « suites » qui n’en ont que le nom aux Langi Langi Beach Bungalows, face à la mer. Collé à ses voisins, Langi Langi est l’endroit que nous vendons le plus à Nungwi (tout le monde n’a pas les moyens de dormir au Ras Nungwi). Les chambres sont belles mais le service est « pole pole », la cuisine insipide, la bière un peu tiède… Benjamin nous a rejoints pour un dîner vite expédié… on a fini la soirée au « Cholos », unn bar de plage en forme de barque en bois massif, sous les hauts cocotiers. Les barmen sont généreux en rhum (plus de rhum que de jus de fruits dans les cocktails).
Pendant que Frédéric et Benjamin enchainent les verres sans chavirer en comparant leurs impressions de Zanzibar, je rencontre une Estonienne qui me raconte sa belle histoire d’amour avec un Masai. On parle aussi de l’Afrique, qui me manque : Zanzibar est une île superbe, mais comme toute île, elle a plus pris de ses rivages que de ses terres. Je sens l’Afrique proche, mais absente… en fait, je suis frustrée de me dire que le continent africain est tout près, mais que Zanzibar n’a pas grand chose d’africain.
Jeudi 20 novembre
Frédéric et Benjamin ont parlé hôtels et aménagement du littoral jusqu’à plus de 3 heures du matin, mais mon chef est bien éveillé et reste pro’ jusqu’à la fin de notre dernière journée.
Sur la route du retour vers Stone Town, halte pour visiter « Salome’s Garden », aux abords de la Vieille Ville que Frédéric et Thibault n’ont jamais eu le temps de visiter : l’endroit est hors du temps, mystérieux, mais a besoin d’un bon coup de jeune. Le charme désuet peut être amusant mais le manque de confort y est trop visible. Sur la route, on s’arrête pour boire nos dernières noix de coco de la semaine…
Dernier déjeuner sur l’île au célèbre Livingstone, face au canal du Mozambique. On repère un groupe de français tous blancs qui viennent de débarquer. Zanzibar est idéale à découvrir en amoureux ou en famille, dans des petits hôtels de charme et des villages sauvages…
Que viennent y chercher ces vingt touristes qui visiblement ne se connaissent pas, jetés brutalement sous cette chaleur humide, au sein d’un groupe ou tout le monde semble mal à l’aise ? Ceux là ne vont pas passer de bonnes vacances, je le sens ! Il nous reste deux heures avant de rejoindre l’aéroport… juste le temps d’aller au marché pour quelques achats (épices, savons, huiles, tapis et paniers) avant d’embarquer.
Pas question de quitter ma petite robe tout de suite : je ne la troquerai contre un jean qu’à l’aéroport de Nairobi… j’attends aussi le dernier moment pour enfermer mes pieds. Les adieux sont un peu tristes… Frédéric a déjà programmé sa prochaine visite (du 4 au 15 juin prochain, en vacances avec des amis). Le départ est assez chaotique : on attend longtemps dans la petit salle d’embarquement de l’aéroport pour un vol soit-disant direct pour Nairobi. On nous annonce ensuite que le vol « passera par Dar Es Salaam ». En fait, on y restera près d’une heure… et on y changera finalement d’avion !
Arrivés à Nairobi, on retrouve de quoi assurer nos commandes de cigarettes et faire quelques cadeaux (j’offre une méthode de swahili à Frédéric : 6 voyages à Zanzibar et il sait à peine dire bonjour et merci…). Notre vol de nuit Nairobi / Paris est prévu vers 23h pour une arrivée à Paris demain matin à 5h45. On nous annoncera dans une cacophonie générale un retard d’une heure… les minutes passent et Minuit arrive : on nous annonce que le vol est purement et simplement annulé ! Hauts cris des passagers, évanouissements feints de femme enceintes, pleurs d’enfants à bas âge, les passagers réclament un hôtel mais le représentant de Kenya Airways nous oppose que tous les hôtels de Nairobi sont complets (ben voyons…) le ton monte mais rien y fera : on nous distribuera plateaux repas et couvertures… et nous passerons la nuit dans l’horrible aéroport de Nairobi, sans confort.
Au milieu de la nuit, Frédéric réussit à forcer l’entrée d’une espèce de salon d’attente où la climatisation est moins forte que dans le reste de l’aéroport. Je m’y écroule et réussis à dormir par bribes sur un fauteuil, réveillée régulièrement par les ronflements de deux hommes d’affaire à gros ventre. Frédéric a passé la nuit sur internet à se tenir au courant de l’actualité et à envoyer des e-mails aux hôteliers et à ses amis… Ne dort-il jamais ?
Vendredi 21 novembre
On aurait du arriver à 5h45 à Paris… il est 9h40 quand on décolle pour Amsterdam, puis Paris. J’arrive chez moi juste avant 22h… et comme je dois redécoller le lendemain matin pour passer un week-end à Biarritz, je dois me réveiller à 5h. Je garderai un souvenir délicieux de cette belle île de l’Océan Indien, mais si j’avais été en vacances, la façon dont Kenya Airways nous a traités aurait gâché nos vacances. J’ai fait le plein de soleil, de poissons et de fruits exotiques : j’aurais dû être armée pour l’hiver ; à cause de ce vol chaotique, il me faudra une semaine pour me remettre de ce voyage.